Apparues sur terre il y a plus de 100 millions d'années, les abeilles se sont développées en une multitude d'espèces, favorisant l’émergence des mammifères. Elles ont survécu à la disparition des dinosaures, à la dernière extinction massive des espèces. Mais cette précieuse biodiversité se trouve soudainement menacée par cette incroyable force de la nature apparue très récemment qu'est l'homme.
Selon l'agence européenne de l'environnement, en 2013, en Europe, 50% des papillons de prairie ont disparu en l'espace de 20 ans ! Moins médiatique, que sait-t-on de la disparition des abeilles sauvages et autres insectes pollinisateurs ?
Ces disparitions discrètes et irréversibles s'accélèrent avec l'artificialisation, l'urbanisation des terres agricoles et l'utilisation massive de pesticides en agriculture. La disparition des abeilles n'est que la partie visible de l'iceberg. L’ensemble des écosystèmes naturels est aujourd’hui menacé par les activités humaines. La tendance est à l'uniformisation, à la course au rendement au sein de laquelle les abeilles font figure de maillon faible. La nature n'est plus perçue comme une alliée mais comme l’ennemie de toute production agricole "conventionnelle". Notre rapport au vivant s'est peu à peu dégradé en quelques décennies seulement.
Et pourtant, les intérêts de l'apiculteur et de l'abeille mellifère ne devraient pas être trop divergents. Les abeilles devraient pouvoir passer l'hiver en se nourrissant exclusivement de leur miel, se multiplier, s'adapter le plus possible par elles-mêmes et par sélection naturelle. L'apiculteur pourrait récolter, comme ce fut le cas pendant des siècles, le miel en excédent, en récompense de son travail. Cette association abeille-apiculteur est remise en cause aujourd'hui.
Témoin et victime de ces dégradations, que peut faire un modeste apiculteur franc-comtois dans l'élevage de ses abeilles?
Encourager les filières bio, respectueuses de notre environnement et des générations futures.
Ne pas travailler "contre" le vivant en employant systématiquement des traitements pharmaceutiques et autres "biocides" mais accompagner les résistances naturelles qui apparaissent.
Ne pas être l'apôtre du "toujours plus" et de la course aveugle au rendement et aux profits.
Et surtout en favorisant la biodiversité, la seule voie possible pour répondre aux besoins des générations de demain.
Frédéric GALLIOT
Vue depuis le fort de Châtillon le Duc: le panorama s'étend des monts du Jura, Mont Poupet, Arbois, au massif de la Serre (Côte d'Or).
“ Aucun être vivant, pas même l'homme, n'a réalisé au centre de sa sphère ce que l'abeille a réalisé dans la sienne ; et si une intelligence étrangère à notre globe venait demander à la terre le plus parfait de la logique de la vie, il faudrait lui présenter l'humble rayon de miel.”
Maeterlinck “La Vie des Abeilles”